Les avantages et inconvénients de la micro-entreprise à connaître avant de se lancer

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La micro-entreprise est un régime simplifié très prisé par de nombreux entrepreneurs pour sa facilité d’accès et sa gestion allégée. Elle est particulièrement attractive pour les personnes qui souhaitent tester une activité ou en exercer une en parallèle d’un emploi. Mais en contrepartie, elle revêt bon nombre de limites, notamment en matière de chiffre d’affaires et de protection sociale. Il est donc essentiel de bien cerner les avantages et inconvénients de la micro-entreprise avant de vous lancer à corps perdu dans ce régime juridique. Le point sur la question.

Micro-entreprise : avantages et inconvénients à connaître avant de se lancer

Les avantages de la micro-entreprise qui facilitent un début d’activité

La simplicité et la rapidité dans les démarches de création 

La création d’une micro-entreprise se distingue des autres formes juridiques (SASU ou EURL) par sa grande simplicité administrative, ce qui est évidemment très attractif pour les entrepreneurs qui souhaitent démarrer rapidement leur activité. 

Depuis le 1er janvier 2023, la création d’une micro-entreprise dépend de l’INPI. La déclaration d’activité s’opère en ligne via la plateforme du guichet unique depuis le site formalités.entreprises.gouv.fr ou via le site autoentrepreneur.urssaf.fr (uniquement pour le libéral). 

Il suffit de créer un compte sur le site de l’INPI, de compléter le formulaire unique et de fournir l’ensemble des justificatifs demandés au format numérique. Ainsi, en quelques clics, vous obtenez rapidement votre extrait K comportant le numéro SIREN et SIRET. Vous pouvez aussitôt démarrer votre activité.

Toutes ces démarches sont entièrement gratuites, même si certains frais sont toutefois à prévoir tels que la souscription d’une assurance professionnelle et l’ouverture d’un compte bancaire dédié.

Enfin, aucun capital social n’est exigé, ce qui permet d’éviter l’apport financier qui reste obligatoire dans les autres formes d’entreprise.

Une gestion simplifiée au quotidien

Si la perspective d’une gestion lourde, compliquée et contraignante vous effraye, le régime de la micro-entreprise est idéal. 

Juridiquement, nul besoin de rédaction de statuts et autres actes juridiques ni de publicités légales obligatoires.

Les obligations comptables sont également très allégées. Il n’y a pas de bilan comptable, ni comptes de résultats ni d’annexes à fournir, donc pas d’obligation de recourir à un expert-comptable ou d’adhérer à un centre de gestion agréé.

En pratique, l’autoentrepreneur doit simplement : 

  • Détenir un compte bancaire dédié à son activité professionnelle (uniquement si le chiffre d’affaires est supérieur à 10 000 € pendant 2 années civiles consécutives) ;
  • Émettre des factures pour chaque vente ou prestation réalisée ;
  • Tenir un livre de recettes ;
  • Tenir un registre d’achat (uniquement pour les activités de vente de marchandises ou de fourniture de logement) ;
  • Déclarer son chiffre d’affaires et payer ses cotisations sociales (au choix, mensuellement ou trimestriellement).

Une fiscalité avantageuse

L’auto-entrepreneur est soumis à l’impôt sur le revenu, mais peut choisir son régime fiscal d’imposition lors de la création de son entreprise (régime fiscal classique de la micro-entreprise ou bien versement libératoire). Il bénéficie dans tous les cas d’avantages non négligeables : 

             💠  Régime fiscal classique si vous n’optez pas pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu :

Le micro-entrepreneur est imposé suivant le régime simplifié de la micro-entreprise (micro BIC ou micro BNC), grâce à l’application d’un abattement forfaitaire sur son chiffre d’affaires afin de déterminer son bénéfice imposable. Celui-ci sera imposé suivant le barème progressif de l’impôt sur le revenu.

L’abattement forfaitaire varie en fonction du type d’activité exercée, à savoir : 

  • 71 % du CA pour les activités de ventes ;
  • 50 % du CA pour les activités de prestations de services qui relèvent des BIC ;
  • 34 % du CA pour les activités de prestations de services BNC et les activités libérales.

Ces abattements ne peuvent être inférieurs à 305 € (ou 610 € si la micro-entreprise a plusieurs activités).

            💠  En cas d’option pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu :

L’auto-entrepreneur s’acquitte de son impôt sur le revenu mensuellement ou trimestriellement en même temps que ses cotisations sociales, en un versement unique effectué directement auprès de l’Urssaf. 

Le taux d’imposition en cas de versement libératoire dépend de la nature de l’activité exercée, à savoir : 

  • 1 % du CA pour les activités de ventes ou de fournitures de logement ;
  • 1,7 % du CA pour les activités de prestations de services qui relèvent des BIC ;
  • 2,2 % du CA pour les activités qui relèvent des BNC.

 Cette option présente plusieurs avantages car elle permet de 

  • pouvoir anticiper et avoir une bonne visibilité sur l’impôt à payer ;
  • payez l’impôt sur le revenu tout au long de l’année, sans régularisation le dernier mois ;
  • payer moins d’impôt en cas de chiffres d’affaires peu important puisque le taux est invariable.

📌 Attention : L’option pour le versement libératoire doit absolument être évitée par les personnes qui ne sont pas imposables. En effet, en cas d’option, l’imposition commence dès le premier euro de chiffres d’affaires et peut avoir pour conséquence de faire payer de l’impôt sur le revenu alors même que l’on n’est pas imposable. 

Une franchise de TVA

Les micro-entrepreneurs bénéficient de ce que l’on appelle la « franchise en base de TVA », c’est-à-dire qu’ils sont exonérés de la déclaration et du paiement de la TVA sur les prestations ou les ventes qu’ils réalisent.

Ceci à condition qu’ils n’optent pas pour le paiement de la TVA et que leur chiffre d’affaires ne dépasse pas les seuils de chiffre d’affaires suivants (en 2024) :

  • 36 800 € par an pour les prestations de services sur l’année civile précédente (N-1) ;
  • 91 900 € par an pour les prestations commerciales et d’hébergement sur l’année civile précédente (N-1)

L’exonération de TVA présente pour le micro-entrepreneur plusieurs avantages :  

  1. vous ne facturez pas la TVA à vos clients (ce qui permet de proposer des tarifs 20 % moins élevés et donc plus compétitifs que vos concurrents soumis à la TVA) ;
  2. vous êtes exonéré de l’obligation des formalités liées à la déclaration de la TVA ;
  3. La gestion de votre trésorerie est simplifiée car vous n’avez pas à reverser la TVA collectée à l’État.

En contrepartie, l’auto-entrepreneur ne peut pas récupérer la TVA qui est facturée par ses fournisseurs sur ses achats professionnels.

Des cotisations sociales réduites et proportionnelles au chiffre d’affaires

Les charges supportées par l’auto-entrepreneur sont fortement allégées lors du lancement d’activité grâce à l’ACRE (Aide à la Création ou à la Reprise d’Entreprise). Ce dispositif permet en effet d’obtenir, sous certaines conditions, une exonération des charges sociales à hauteur de 50 % durant la première année d’exercice.

À l’issue de cette première année, l’auto-entrepreneur bénéficie du régime avantageux du micro-social simplifié qui lui permet de payer ses charges sociales de façon simplifiée. Ces charges sont automatiquement calculées par l’application d’un taux en pourcentage du chiffre d’affaires, à savoir depuis le 1er juillet 2024 : 

  • 12,30 % pour les activités de vente de marchandises (BIC) ;
  • 21,20 % pour les prestations de services commerciales ou artisanales (BIC) ; 
  • 23,20 % pour les activités libérales affiliées à la Cipav ;
  • 23,10 % pour les autres prestations de services et les professions libérales affiliées au régime général pour leur retraite (BNC) : 

(Attention, il est prévu une augmentation progressive à 24,60 % à compter du 1er janvier 2025 puis à 26,1 % à compter du 1er janvier 2026, ceci afin de garantir les droits à la retraite complémentaire des auto-entrepreneurs).

Ce régime présente un grand avantage : comme les cotisations sociales sont proportionnelles au chiffre d’affaires généré, si l’auto-entrepreneur ne génère pas de revenus, il ne paie pas de cotisations. L’idéal pour gérer au mieux les périodes d’activité fluctuantes et en dents de scie !

Ce fonctionnement est particulièrement indiqué pour les entrepreneurs dont l’activité est saisonnière ou irrégulière. Ils cotisent ainsi en fonction de ce qu’ils gagnent,ce qui limite pour eux les risques financiers.

Les inconvénients de la micro-entreprise

L’impossibilité de déduire les charges 

Contrairement aux entreprises classiques, les micro-entrepreneurs  ne peuvent pas déduire leurs charges réelles de leur chiffre d’affaires au moment de remplir leur déclaration d’impôts. Cette règle concerne tous les frais professionnels tels que les frais de location, de matériel, de déplacement, de formation, d’assurance… 

Ils bénéficient uniquement d’un abattement forfaitaire qui est censé représenter l’ensemble des frais rencontrés par le micro-entrepreneur. 

Cela est particulièrement désavantageux dans les secteurs d’activités qui nécessitent de nombreux investissements.

Le taux de cet abattement forfaitaire varie en fonction de la nature de l’activité exercée : 

  • 71 % du chiffre d’affaires pour la vente de marchandise ;
  • 50 % du chiffre d’affaires pour les services qui relèvent des BIC ;
  • 34 % du chiffre d’affaires pour les activités libérales et prestations de services qui relèvent des BNC.

En conséquence, opter pour la micro-entreprise ne sera pas la meilleure solution pour les entrepreneurs qui ont des coûts d’exploitation très importants. En effet, l’impossibilité de déduction peut sérieusement affecter leur rentabilité, car toutes leurs dépenses sont à leur charge sans compensation fiscale.

L’impossibilité de récupérer la TVA

Comme dit précédemment le micro-entrepreneur bénéficie jusqu’à un certain seuil de chiffre d’affaires de la franchise en base de TVA. 

Et s’il ne facture pas la TVA à ses clients, il ne peut la récupérer sur ses achats professionnels. Cela implique que les achats et investissements réalisés dans le cadre de l’activité professionnelle sont supportés dans leur intégralité. En effet, si le micro-entrepreneur ne facture pas la TVA, il doit tout de même la payer sur ses achats.

Des plafonds de chiffre d’affaires limités pour conserver le bénéfice du régime micro

Pour pouvoir bénéficier du régime de la micro-entreprise, l’entrepreneur ne doit pas dépasser des plafonds de chiffre d’affaires sous peine d’être obligé de sortir de ce régime et d’adopter une structure juridique plus complexe. 

En 2024, ces seuils sont les suivants : 

  • 188 700 € pour les activités commerciales de vente de marchandises ;
  • 77 700 € pour les prestations de services et activités libérales.

Le régime du micro se maintient toutefois lors de la première année de dépassement, jusqu’au 31 décembre. Dès le 1er janvier suivant, l’entrepreneur bascule automatiquement dans le régime de l’entreprise individuelle. Il perd le bénéfice de l’imposition au micro fiscal et le régime du micro social au profit du régime du réel simplifié et du régime social TNS. Le régime est alors plus complexe et entraîne des démarches administratives supplémentaires ainsi qu’un alourdissement des obligations comptables.

Le régime micro-entreprise ne convient donc pas aux activités qui ont une propension à très vite se développer et à générer un chiffre d’affaires important.

Une protection sociale limitée

Le micro-entrepreneur est soumis au régime micro social. En tant que Travailleur Non Salarié (TNS) il est affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI) (elle-même rattachée au régime général de la sécurité sociale). La couverture sociale est à ce titre bien moins protectrice que celle des salariés.

Les cotisations sociales sont calculées sur la base du chiffre d’affaires réalisé. Ainsi, si l’activité génère peu ou pas de revenus, les droits sociaux, tels que les indemnités journalières en cas de maladie, retraite… seront faibles.

De plus, les micro-entrepreneurs ne cotisent pas à l’assurance chômage. Cela signifie qu’en cas de cessation d’activité, ils n’ont droit à aucune indemnité chômage. L’absence de couverture sociale complète est donc un facteur à considérer avant de choisir ce statut.

Difficultés d’accès au financement

Autre inconvénient bien connu, ce statut impacte la crédibilité et la confiance accordées par certains partenaires. Aussi, les micro-entrepreneurs peuvent rencontrer des difficultés pour accéder au crédit ou aux financements bancaires. Les établissements financiers considèrent souvent ce régime comme plus risqué, notamment en raison de l’absence de patrimoine dédié à l’activité professionnelle. 

De plus, les charges financières (comme les intérêts d’emprunt) ne sont pas déductibles des revenus, ce qui peut rendre plus coûteux le recours à l’emprunt pour développer l’activité.

 

En conclusion, le statut de micro-entrepreneur présente de nombreux avantages, notamment sa simplicité et sa fiscalité assez attractive, qui qui attirent les entrepreneurs débutants ou exerçant une activité en complément de leur emploi. Mais ses limites peuvent devenir contraignantes à mesure que l’activité se développe.

Il est donc essentiel, avant de se lancer, de bien évaluer les avantages et inconvénients de la micro-entreprise en fonction de ses objectifs et de la nature de son activité. Pour certains, il s’agit d’une excellente opportunité de commencer rapidement, tandis que d’autres pourraient trouver plus pertinent de choisir une structure plus évolutive dès le départ.

 

 

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