Portage salarial : est-ce fait pour vous ? avantages et inconvénients 

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Lancer son activité en toute autonomie sans renoncer aux avantages du salariat, c’est possible grâce au portage salarial. Ce statut hybride séduit de plus en plus de freelances. Est-il fait pour vous ? On fait le point sur ses atouts et ses limites.

portage salarial

Qu’est-ce que le portage salarial ?

Le portage salarial permet d’exercer une activité indépendante tout en conservant les avantages du statut de salarié. Il repose sur une relation tripartite entre un professionnel autonome, une entreprise cliente et une société de portage.

Concrètement, vous trouvez vos propres missions, et la société de portage vous embauche en CDD ou CDI pour les réaliser. Il s’agit le plus souvent d’un CDI ou CDD dit « de mission ». Elle prend en charge l’ensemble de la gestion administrative, transforme vos honoraires en salaire mensuel, et s’occupe des déclarations sociales, de la facturation et de l’édition des bulletins de paie.

Ce modèle s’adresse particulièrement à ceux qui souhaitent se reconvertir, démarrer une activité freelance en toute confiance, ou tester un projet sans avoir à créer immédiatement leur propre entreprise.

📌 À noter : le portage salarial est encadré depuis 2017 par la convention collective nationale du portage salarial (IDCC 3219), qui définit ses règles et ses garanties.

portage salarial c'est quoiLes principaux avantages du portage salarial

Ce statut hybride attire de plus en plus de professionnels qui souhaitent gagner en autonomie sans renoncer aux avantages du salariat. Voici les principaux bénéfices qu’il propose :

1. Une couverture sociale complète

Contrairement aux indépendants classiques, les salariés portés cotisent au régime général de la Sécurité sociale. Cela inclut l’assurance maladie, la retraite, les indemnités journalières et surtout l’assurance chômage (dont sont exclus, par exemple, les auto-entrepreneurs). Certains bénéficient également d’une mutuelle santé collective, souvent proposée par la société de portage.

Le salaire perçu est, comme tout revenu salarié, soumis à l’impôt sur le revenu.

2. Un allègement des contraintes administratives

Le portage vous libère des tâches chronophages comme la comptabilité, la déclaration de TVA ou encore l’émission de factures. La société de portage prend en charge tous ces aspects pour vous. Elle établit les fiches de paie, gère les charges fiscales et sociales, et vous accompagne sur les plans juridique et administratif.

À savoir : Certaines sociétés de portage proposent également des services d’accompagnement comme du coaching, des formations, ou des événements de réseautage pour aider les freelances à se développer.

3. Une rémunération régulière

L’un des grands avantages du portage salarial est la stabilité qu’il offre. Chaque mois, vous percevez un salaire, même si vos clients règlent leurs factures en décalé. Cette rémunération est encadrée par une convention collective, avec un minimum fixé à 2 517,13 € brut par mois. Attention, ce montant correspond au minimum conventionnel brut pour un temps plein. Il n’est atteint que si votre chiffre d’affaires le permet.

Vous recevez également un bulletin de paie, comme tout salarié.

Pour calculer votre rémunération nette, il faut soustraire de votre chiffre d’affaires les cotisations sociales, les frais de gestion, ainsi que les charges patronales et fiscales.

4. Une autonomie professionnelle préservée

Le portage salarial vous permet de conserver une véritable autonomie dans la gestion de votre activité. Vous êtes libre de choisir les missions qui vous intéressent, de négocier vos tarifs selon votre expertise, et de gérer votre emploi du temps comme vous l’entendez. Vous décidez également avec quels clients vous souhaitez collaborer, sans aucune obligation imposée par la société de portage.

Contrairement à un salarié classique, vous pilotez vous-même le développement de votre activité : prospection, positionnement, offres de service… tout en étant délesté des contraintes administratives.

5. Un tremplin pour développer son activité

Ce statut s’avère très utile pour ceux qui démarrent en freelance ou souhaitent tester leur offre de services avant de créer une structure juridique propre. Le portage constitue un cadre sécurisé pour prospecter, se constituer un portefeuille client et monter en compétences.

Les limites du portage salarial

Malgré ses nombreux avantages, ce dispositif présente également certains freins, en particulier sur le plan financier et opérationnel.

La société de portage prélève des frais de gestion, généralement compris entre 7 % et 10 % du chiffre d’affaires. Cette commission s’ajoute aux cotisations sociales, ce qui réduit mécaniquement le revenu net que vous percevez. Cela peut être particulièrement contraignant lors des débuts d’activité, lorsque votre volume de missions est encore irrégulier ou limité.

💡 Important : si votre chiffre d’affaires mensuel est trop faible, il se peut que vous ne soyez pas rémunéré du tout. En effet, la société de portage doit en priorité couvrir un certain seuil de charges obligatoires (URSSAF, retraite, prévoyance, etc.) avant de pouvoir vous verser un salaire.

Ce modèle exige donc une maîtrise minimale de votre rentabilité. Avant de vous lancer, prenez le temps de simuler votre activité, d’évaluer vos tarifs journaliers moyens (TJM) et de vérifier si votre volume de missions prévisionnel permettra de dégager un revenu suffisant après déductions.

2. Des prélèvements sociaux plus importants

Être salarié porté signifie payer plus de cotisations sociales que dans d’autres statuts indépendants. En moyenne, cela représente environ 50 % de votre chiffre d’affaires brut.

Voici comment cela se compare avec d’autres régimes :

  • En micro-entreprise, un freelance cotise entre 22 % et 25 %, selon son activité. Mais cette formule donne accès à une protection sociale limitée : pas d’assurance chômage, une retraite moins favorable, et souvent pas de mutuelle ni de prévoyance.

  • En SASU ou SARL, les charges sociales varient entre 40 % et 45 %, avec une protection plus complète que la micro-entreprise, mais toujours inférieure à celle d’un salarié.

Statut Charges sociales estimées Accès au chômage Mutuelle & prévoyance Retraite Congés payés Complexité administrative
Salarié porté ~50 % du CA brut Oui Souvent incluse Régime salarié complet Oui (inclus dans le salaire) Faible (gérée par la société de portage)
Micro-entrepreneur 22 % à 25 % du CA Non Non Régime simplifié Non Très faible
SASU / SARL (dirigeant) 40 % à 45 % du revenu Non Optionnelle Régime TNS ou salarié selon le statut choisi Non Élevée

👉 Ce différentiel de charges peut peser si vous cherchez à optimiser votre revenu net, mais il faut aussi tenir compte des droits sociaux offerts par chaque statut (chômage, congés payés, sécurité en cas d’arrêt, etc.).

Le portage salarial s’adresse donc à ceux qui recherchent un compromis entre liberté et sécurité, même si cela implique une rémunération nette un peu plus faible.

3. Des restrictions sur certaines activités

Le portage salarial n’est pas accessible à toutes les professions. En particulier, il est incompatible avec les services à la personne rendus au domicile des particuliers, comme :

  • la garde d’enfants,
  • le ménage ou repassage,
  • le soutien scolaire à domicile,
  • ou encore le jardinage et les petits travaux chez des particuliers.

Ces activités relèvent de la loi du 26 juillet 2005 sur les services à la personne, qui impose un agrément ou une autorisation spécifique. Ce cadre réglementaire n’est pas compatible avec le contrat de travail en portage salarial.

Certaines professions réglementées sont également exclues du dispositif, notamment :

  • les métiers de la santé (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, etc.),
  • les professions juridiques (avocats, notaires, huissiers),
  • ou les experts-comptables.

👉 À noter : certaines prestations proches, comme des cours en ligne, des services en entreprise ou des missions dans un cadre non privé, peuvent être autorisées. Si votre activité se situe dans une zone grise, mieux vaut vérifier en amont sa compatibilité avec une société de portage.

4. Une prospection à votre charge

Les sociétés de portage ne vous fournissent pas de clients. Vous devez vous-même rechercher des opportunités, démarcher des prospects et négocier vos contrats. Une fois les accords conclus, la société de portage prend le relais pour l’émission des devis et factures.

Pour réussir dans cette voie, il vous faudra donc avoir un bon sens commercial et une stratégie de prospection efficace.

5. Des revenus soumis à fluctuation

Comme tout travailleur indépendant, votre chiffre d’affaires peut fluctuer selon le nombre et la nature des missions réalisées. Cette variation impacte directement votre rémunération mensuelle, même si vous bénéficiez, en tant que salarié porté, de certains avantages comme les congés payés ou la mutuelle d’entreprise.

Pour sécuriser les périodes sans mission — appelées intermissions — certaines sociétés de portage mettent en place une réserve financière. Celle-ci est généralement constituée à partir d’environ 10 % de votre chiffre d’affaires, prélevés chaque mois. Ce dispositif, conçu pour lisser vos revenus, n’est toutefois pas systématique et varie selon les entreprises.

Faut-il choisir le portage salarial ?

Le portage salarial peut représenter une solution idéale pour les professionnels qui souhaitent se lancer en freelance sans renoncer à la sécurité du salariat. Il permet de se concentrer pleinement sur son cœur de métier, tout en déléguant les aspects administratifs, comptables et sociaux à une société de portage.

Ce statut constitue une transition en douceur entre le salariat classique et l’entrepreneuriat pur. Il est particulièrement adapté :

  • aux profils en reconversion professionnelle,

  • aux consultants, formateurs, ou experts souhaitant tester une activité en toute sécurité,

  • ou aux freelances qui veulent éviter les contraintes de création d’entreprise au démarrage.

Cependant, le portage ne convient pas à tous. Avant de vous engager, il est essentiel de prendre le temps de peser les avantages et les limites, et d’évaluer si ce modèle est cohérent avec votre situation et vos objectifs.

Voici quelques questions clés à vous poser :

  • Souhaitez-vous bénéficier d’une protection sociale complète (chômage, retraite, mutuelle) ?

  • Êtes-vous prêt à accepter des charges sociales plus élevées en échange de cette sécurité ?

  • Avez-vous la capacité (ou la volonté) de trouver vos propres clients ?

  • Votre activité est-elle compatible avec le portage (secteur non réglementé, prestations autorisées) ?

  • Cherchez-vous un statut ponctuel ou durable ? (Le portage peut être une étape ou une solution à long terme)

En résumé, le portage salarial offre un compromis équilibré entre liberté professionnelle et sécurité sociale. Mais comme tout choix de statut, il doit être mûrement réfléchi. Prenez ainsi le temps de comparer avec d’autres régimes (auto-entrepreneur, SASU, freelance en société) pour faire un choix aligné avec votre activité, vos priorités financières et votre capacité à développer une clientèle.

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